Cérémonie des voeux aux maires : "Ensemble en 2020, nous aurons à continuer à construire et adapter le Haut-Rhin aux défis du monde"

Mis à jour le 22/01/2020
Jeudi 2 janvier 2020, le préfet présentait ses vœux aux élus, services de l’État et à ses partenaires. A cette occasion, il est revenu sur les principales réalisations de 2019 et a présenté les grands enjeux de l'année à venir.

Retrouvez ci-dessous l'intégralité du discours du préfet. Seul le prononcé fait foi.

"Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Monsieur le président du conseil régional,

Madame la présidente du conseil départemental,

Mesdames et Messieurs les conseillers régionaux et départementaux,

Mesdames et Messieurs les maires,

Mesdames et Messieurs les chefs de juridictions, judiciaires et administratives,

Mesdames et Messieurs les responsables économiques et associatifs,

Mesdames et Messieurs les chefs de services de l’Etat ;

Mesdames, Messieurs,

Avec les sous-préfets, j'ai le plaisir de vous adresser mes vœux pour 2020 :

Que ce nouveau millésime vous soit riche de santé, de paix, de joie, de satisfaction dans vos activités, vos mandats ou fonctions, et de davantage de temps pour vous-même et vos familles ;

que vous viviez des succès professionnels, des satisfactions dans vos activités et engagements associatifs, sportifs ou de voisinage, et profitiez d’un vrai bonheur familial et amical.

Je souhaite spécialement à ceux qui sont dans la peine de trouver dans l’amitié et l‘espérance des chemins de réconfort.

Je forme aussi des souhaits particuliers pour notre société et pour la France :

Des vœux pour que notre devise républicaine soit concrètement appliquée : liberté, égalité, fraternité

Je n'ai pas d’inquiétude pour notre liberté : nous en bénéficions et usons abondamment. Que les restrictions à cette liberté, qui sont nécessaires pour la vie en commun, soient bien expliquées et comprises comme édictées dans l’intérêt général

L'égalité ? N'en faisons pas un absolu. Nous savons que des différences peuvent subsister lorsqu'elles répondent à des situations objectives différentes. Souhaitons que la revendication de l'égalité ne nous tire pas vers le bas mais stimule au contraire les initiatives pour que chacun mette une égale énergie à appliquer la loi et à s’engager dans la société.

La fraternité ! Elle est parfois oubliée. Les mots que nous entendons perdent leur sens. Chacun se dit solidaire de causes lointaines, mais c’est souvent purement platonique. Notre société conduit beaucoup de personnes à se replier sur elles-mêmes, sous l’influence des technologies improprement dénommées « réseaux sociaux », qui traduisent l’isolement ou l’illusion d’un contact avec le monde entier. Il y a une génération, la télévision avait amoindri l’échange en famille. Mais au moins regardait-on la même émission et pouvait-on en discuter ensuite. C’est pire maintenant : chacun regarde son propre écran, avec des écouteurs dans les oreilles, et fuit le contact de celui qui est tout proche. Il faut réagir : je souhaite que soient valorisées les solidarités concrètes, celles de la proximité, de l'amitié, de l'attention aux personnes en difficulté dans nos rues et nos villages.

Ce moment de convivialité est aussi l’occasion de revenir brièvement sur quelques événements qui ont marqué l’année 2019 à la préfecture du Haut-Rhin.

- Dans un contexte pas très facile avec la gestion du mouvement des gilets jaunes et la menace terroriste, nous avons poursuivi l’action de sécurité pour laquelle je remercie spécialement les forces de police et de gendarmerie nationales, les sapeurs-pompiers et les partenaires de la sécurité associés à notre mission.

- En lien avec les collectivités locales, les partenaires économiques concernés et nos homologues allemands, nous avons poursuivi l’action nécessaire de préparation du Haut-Rhin à la fermeture prochaine de la centrale nucléaire de Fessenheim, qui occupe beaucoup de notre temps et de notre énergie.

- En interne, nous avons entrepris une réorganisation de nos administrations pour regrouper les fonctions support, et donner davantage de cohérence à l’action de l’Etat dans le département. Cela est d’autant plus nécessaire pour nous adapter au nouveau contexte institutionnel que connaîtra l’Alsace le 1er janvier 2021.

- Plusieurs de nos missions ont été marquées par des visites ministérielles qui ont fait la preuve de votre chaleureuse hospitalité et mobilisé les énergies des équipes de l’État.

Je vous propose de retrouver en images quelques moments forts de notre action en 2019".

Cliquez sur l'image ci-dessus pour accéder au film

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"Après ce regard dans le rétroviseur, quelles perspectives s’ouvrent à nous en 2020 ?

J’ai d’abord plaisir à vous présenter M. Fabien Sésé, nouveau directeur de cabinet, qui a succédé ce lundi à Emmanuel Coquand, lui-même parti occuper les mêmes fonctions en Nouvelle Calédonie.

Et dans huit jours, nous dirons au revoir à Daniel Mérignargues, sous-préfet de Thann-Guebwiller, à l’occasion de son départ en retraite.

Les électeurs vont renouveler les conseils municipaux et les conseils intercommunaux en mars prochain. C'est dans moins de trois mois. Dans beaucoup de communes, des initiatives ont été annoncées, des candidats se déclarent, des listes se préparent.

C'est une compétition importante pour chacune des communes, celle de choisir l'équipe et le maire qui gèrera les affaires communes pendant six ans. L’État est l’organisateur de ces élections, pour ce qui concerne les opérations matérielles, et chacun des maires, en tant qu’agent de l’Etat, est mon relais dans sa commune pour exercer cette mission essentielle à notre vie démocratique.

Cette compétition électorale doit être libre, égale et sincère. C'est pourquoi le préfet ne peut pas sembler afficher de préférence envers un candidat.

C'est une des exigences de l’État, celle de la neutralité.

C'est pourquoi j'ai choisi en ce début d'année, de ne répondre à aucune invitation d’élus municipaux ou intercommunaux à participer à des vœux. Cette abstention n’est pas le signe d’un désintérêt, mais au contraire, de respect. Il en sera de même pour les sous-préfets. Pour m’adresser à tous, je vous ai donc conviés à venir aujourd’hui dans la maison de la République, nous retrouver pour un instant amical, au tout début de l’année.

C'est donc à l’ensemble des maires que je souhaite rendre hommage ce soir. Les maires des années passées, parfois depuis un très long mandat. Les maires d'aujourd'hui, et les maires de demain.

Alors que vous avez réfléchi sur le sens de votre action et de votre mandat au service de vos concitoyens, vous vous êtes remémorés la grandeur de ce service et les contraintes de cet engagement. Vous l’avez évalué à l’aune de vos aspirations personnelles, de votre énergie et de votre santé, de l’ancienneté de votre entrée au conseil municipal. Et vous avez choisi – ou vous allez choisir dans les semaines de janvier – de vous représenter pour six années supplémentaires ou de laisser les électeurs faire confiance à d’autres élus.

*

Mesdames, Messieurs, – et je m’adresse surtout à ceux d’entre vous qui ne sont pas maires – avez vous réalisé tout ce que fait un maire ?.

1) Un maire est un homme ou une femme sans profession, « cent professions ». Il doit savoir tout faire :

  • Premier interlocuteur de nos concitoyens, le maire est le garant du lien social et de la solidarité. Il doit pratiquer et défendre tous les jours ces valeurs auxquelles nous sommes attachés : le service des autres, l’écoute, la sincérité, le courage. Il est l'organisateur de la solidarité de proximité, par exemple lors de difficultés climatiques ou d’un accident.
  • Il est aussi l’acteur de la vitalité de son territoire, et les inaugurations auxquelles nous avons participé en témoignent.
  • Il est chargé d'appliquer de nombreuses réglementations compliquées, ; il doit faire des choix parfois difficiles entre l'intérêt de long terme de la commune et les aspirations plus immédiates d'une partie de la population ;
  • sur le maire pèse une lourde responsabilité, celle de prendre des décisions conformes à la loi, celle parfois de répondre à la justice quand quelque chose a vraiment mal fonctionné.

    C’est un rôle difficile dans une époque où les intercommunalités sont davantage intégrées et ont pu éloigner le centre des décisions et départir les maires de certaines compétences. Les élus ont dû élargir leur horizon à d'autres territoires, et prendre en compte un intérêt général plus diversifié.

2) Pour effectuer tout ce travail, il faut des qualités :

  • Une grande disponibilité et un vrai sens de l'engagement. Être présent tous les jours ou presque, répondre aux urgences et aux imprévus, être attentif à chacun, même quand c’est pour expliquer que le maire n'a pas la solution à toutes les difficultés personnelles.
  • Avoir du courage et de la patience, car il n’est pas facile de dire non, de décevoir, d'affronter les arguments de mauvaise foi, d’entendre les critiques de son action
  • Et les élus, – car j'associe dans cet hommage aussi les adjoints et les conseillers municipaux – savent que les exigences de nos concitoyens sont importantes et vont croissantes.
  • Le maire c'est aussi celui que l'on vient consulter, à qui on se confie, qui conseille, donne un avis, et parfois un ultime secours pour des personnes en détresse. C'est donc un interlocuteur majeur et incontournable de la vie locale, proche des familles. C'est lui qui est là dans les moments douloureux, celui que les gendarmes réveillent la nuit, et qui se rend sur les lieux d'un accident.

Je veux féliciter spécialement les maires des communes peu peuplées – celles qu’on appelle les « petites communes », dont les élus sont à la fois les décideurs et les acteurs personnels de toutes les tâches, les plus nobles et les plus humbles. Le maire d’une ville peut s’appuyer sur des équipes, au sein du conseil et chez ses fonctionnaires territoriaux, qui sont nombreux et aguerris, qui peuvent assumer les complexités d’innombrables réglementations. Mais dans un village ? Le maire doit à la fois lire le Journal officiel tous les matins au petit déjeuner, régler les conflits de voisinage parfois ancestraux et appeler lui-même l’entreprise qui viendra changer l’ampoule du lampadaire en panne. Et ce tous les jours de l’année. J’admire votre disponibilité et votre engagement.

3) et c’est un rôle parfois ingrat : le maire est le premier exposé aux critiques contre la vie politique et la prétendue inefficacité des politiques publiques. Avec notre mentalité bien française souvent portée à critiquer ce qui ne va pas, le maire est parfois sèchement battu aux élections alors qu'il s’est donné sincèrement et assidûment pendant tout son mandat.

Je salue ici aussi les familles des élus, leurs conjoints, leurs enfants, qui vivent avec les fréquentes absences des élus, pour des réunions le soir, des rencontres le weekend. Et parfois des critiques, des racontars, qui ne sont compensés que par la fierté intérieure de voir celui ou celle qu'on aime se dévouer sans compter pour ses concitoyens.

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Mais le maire n’est pas seul au service du bien public : l’État est à ses côtés.

  • Le quotidien des habitants du Haut-Rhin est constamment entouré par l'action des services de l’État. Dans la période de fêtes qui s’achève, l’État est spécialement présent à plusieurs égards :

- pour la sécurité : une importante mobilisation pendant les marchés de Noël, un déploiement exceptionnel pendant la nuit du 31 décembre. Mais tout au long de l’année sont mis en œuvre différents dispositifs de lutte contre la délinquance, notamment contre les cambriolages et les violences urbaines, avec une mobilisation très soutenue des policiers et des gendarmes et des sapeurs-pompiers. Nous agissons aussi pour la sécurité sur la route, la sécurité du consommateur, la sécurité sanitaire, la prévention des atteintes aux biens et à l’environnement …

  • (l’État est présent) en agissant en direction des populations les plus fragiles, des quartiers ou territoires les plus exposés aux difficultés sociales et en luttant contre les discriminations (emploi, logement, loisirs) en facilitant l’accès aux droits des personnes les plus en difficultés.
  • (l’État est présent) en accompagnant les entreprises, pour aider à la fois celles qui ne se portent pas très bien et celles qui sont les figures de proue de l’Alsace,... et plus largement en veillant à la prospérité de l’activité économique dans le Haut-Rhin
  • (l’État est présent) en assurant la promotion du développement durable, en veillant au développement et à l’équilibre des territoires, tant urbains que ruraux, à travers les politiques agricole, d’urbanisme, de logement, de construction et de transports
  • Et aussi, tout au long de l'année, en assurant les missions essentielles de l'Etat : la justice, la sécurité, la défense du pays et celle des droits de l'homme dans le monde, l'éducation de nos jeunes, la solidarité, le soutien à l'économie, la préparation de l'avenir.

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Chacun dans l’exercice de nos compétences, nous agissons pour l’intérêt général. Nous avons les mêmes administrés. C’est aussi pourquoi je me sens proche de vous et de vos préoccupations. J’ai rencontré chez les élus des affinités sympathiques, qui nous permettent de travailler ensemble dans la confiance, au-delà des différences de nos missions et de nos expériences. Merci à vous tous pour votre ardeur à être des repères dans la société, des modèles d’engagement. Les chefs de services de l’Etat ici présents, les responsables économiques ou associatifs savent le soutien qu’ils trouvent naturellement chez les maires.

Ensemble en 2020 nous aurons à continuer à construire et adapter le Haut-Rhin aux défis du monde. Il y a les défis que nous connaissons ou devinons :

- l’arrêt des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim en février et en juin, et la poursuite de l’adaptation du territoire à cette transition préparée avec détermination depuis deux ans ;

- la construction de la Collectivité européenne d’Alsace qui aura aussi des conséquences pour l’État, même si je répète ici l’engagement du Premier ministre de conserver une préfecture à Colmar ;

- la coopération avec nos voisins allemands et suisses sur les enjeux du Rhin supérieur ;

- le rayonnement des communes sans consommation excessive d’espace ;

- l’avenir des quartiers urbains victimes de l’héritage des décennies 60 et 70 ;

- l’avenir des villages et la présence des services publics sous des formes renouvelées, adaptées au développement du numérique et attentives aux personnes les moins agiles ;

- le rayonnement de la viticulture alsacienne ;

- l’adaptation au changement climatique, nécessaire responsabilité et exigence fortement portée par la société ;

- la sécurité de chacun face au intempéries, aux accidents et aux infractions.

Nous devrons relever d’autres défis : la conciliation des contradictions entre ces nombreux objectifs, et la gestion des imprévus, heureux ou difficiles. Mais si tout cela était simple, serions nous engagés avec le même entrain, avec la même passion ? Chacun ici est prêt à exercer ses responsabilités, à s’adapter aux nécessaires évolutions de la société et de la vie. C’est même le moteur de notre action. Je suis déterminé à poursuivre avec vous cet engagement. Merci du vôtre aussi.

Bonne et heureuse année 2020 !