Lutte contre les violences conjugales : une prise en charge différenciée dans le Haut-Rhin pour les victimes

Mis à jour le 30/11/2020
Communiqué de presse du 30 novembre 2020

Sur les 10 premiers mois de l'année 2020, le nombre de femmes victimes de violences intrafamiliales a augmenté dans le Haut-Rhin d'environ 25 % par rapport à la même période en 2019.

L'ampleur du phénomène et la gravité des conséquences pour les victimes et les enfants témoins ont conduit les services de sécurité du Haut-Rhin à innover et à proposer des solutions concrètes et bienveillantes pour leur prise en charge.

Des équipes dédiées et pleinement mobilisées

Au commissariat de Mulhouse, dans le cadre de la mise en place de la police de sécurité du quotidien, une attention particulière a été portée sur l’accompagnement des victimes, avec notamment la création du pôle psychosocial.

Au sein de la brigade de protection de la famille, une cellule de suivi et d’analyse de ces faits a été constituée afin de prévenir tout risque sérieux d'aggravation des situations individuelles. Elle est chargée de suivre systématiquement les interventions, dans le but d’apporter une réponse claire, qu’elle soit judiciaire (enquête), thérapeutique (psychologue) ou matérielle.

Au sein du service de la sûreté départementale, la création du groupe d'enquête "violences conjugales" a pour objectif de prioriser et professionnaliser la prise en charge de ces violences et des plaintes associées.

Au commissariat de Colmar, trois enquêtrices sont spécialisées dans cet accompagnement.

Une intervenante sociale est également présente au commissariat trois jours par semaine. Pendant le confinement, les enquêtrices spécialisées maintiennent le lien téléphonique avec les victimes connues.

En zone d'intervention de la gendarmerie nationale, les intervenantes sociales gendarmerie (ISG) permettent la prise en compte globale et le suivi social des victimes. Dans le Haut-Rhin, depuis bientôt deux ans, ce dispositif a été relancé avec deux postes affectés à cette mission.

De nombreuses démarches préventives sont également organisées dans le Haut-Rhin et les équipes se mobilisent lors de campagnes d'information pour sensibiliser le public à ces situations : distribution de flyer dans les galeries marchandes, etc.

Des messages sont également régulièrement diffusés sur les réseaux sociaux des services de l'État.

Le département bénéficie également d'un tissu associatif très dense dédié à cette problématique : CIDFF, ACCORD 68, THEMIS, SOLIDARITE FEMMES 68, L’OREE (médiation familiale).

En parallèle, le dispositif de signalement en pharmacie de ces situations d’urgence auprès des forces de l’ordre, mis au point par le ministère de l’Intérieur en collaboration avec l’ordre national des pharmaciens, constitue un complément aux numéros d’appel 39 19 (Violences femmes info) et 119 (Allo enfance maltraitée). Ce service a fait la preuve de son efficacité dans plusieurs circonstances dans le Haut-Rhin.

Un espace d'accueil privilégié : l'exemple du commissariat de Colmar

Depuis le mois de juillet, la circonscription de sécurité publique de Colmar expérimente un accueil différencié pour les victimes de violences intrafamiliales et plus généralement pour toutes les victimes en détresse psychologique.

Au commissariat, proche de l'accueil, un bureau a été amenagé de sorte à recevoir ces victimes à l'écart des autres usagers. Cet espace met notamment à disposition des victimes des documents d'information, des sièges et des jouets pour les enfants, etc.

Cette prise en charge avenante a des effets très positifs, car les victimes peuvent ainsi s'apaiser avant leur audition et le récit de leurs souffrances.

En outre, et sur l'exemple des services de la police nationale du Mans, un accueil discret des victimes formalisé à l'aide d'un code couleur a été mis en place au commissariat de Colmar depuis le 23 octobre dernier.

Dès leur arrivée au commissariat et à l'abri des regards, la victime peut désigner un code (représenté par une couleur) à l'accueil. Elle est alors immédiatement conduite dans la salle d'attente séparée et prise en charge par un enquêteur spécialisé.

Des policiers et des gendarmes formés et sensibilisés

Les militaires de la gendarmerie sont formés dès l'école à l'accueil et la prise en compte de toute victime avec un focus particulier sur les victimes des violences intrafamiliales.

Chaque fonctionnaire de police a la possibilité de se former en e-learning sur cette problématique.

Des formations sont aussi régulièrement programmées en présentiel. Une vingtaine de policiers de Colmar a déjà été formée par l'association SOLIDARITE FEMMES 68. Trois nouvelles sessions en zone police sont d'ores et déjà envisagées, sitôt que la situation sanitaire le permettra de nouveau. La gendarmerie du Haut-Rhin met également en place pour ses équipes dès 2021 une formation spécifique à la prise en charge des victimes de violences intrafamiliales.

Il s'agit lors de ces formations d'apprendre à décrypter le cycle infernal des violences intrafamiliales et surtout de détecter tout urgence d'intervention notamment grâce à une grille d'évaluation du danger qui mesure les risques de réitération des violences.

La procédure pour ces violences est guidée, de bout en bout, et des outils sont à la disposition des enquêteurs : grille d'évaluation du danger, fiche réflexe, canevas d'audition, guide du parquet.

En lien avec les autres autorités publiques, notamment judiciaires et les collectivités, la préfecture, les forces de sécurité et l'ensemble des services de l'État témoignent ainsi de leur engagement quotidien à lutter contre les violences conjugales et à protéger les victimes.